Education - Parentalité Famille

La première tricherie

Je ne sais pas exactement pour quel devoir ou quel contrôle j’ai triché étant élève, mais je sais que j’ai commis ce petit délit quelque fois pendant ma scolarité. Evidemment, j’avais la notion de mal en tête ! « Bouh c’est pas joli la tricherie ! ». Ensuite, je culpabilisais et surtout j’avais peur de me faire piquer par le prof. Puis j’ai grandi, j’ai mûri, j’ai fais mes études et j’ai eu mon diplôme (sans tricher hein ;)).

En devenant maman, j’avoue que j’avais occulté cette partie de l’école. Je savais que je voulais inculquer à mes enfants les valeurs de respect, de travail, d’honnêteté et de bienveillance, mais je n’avais pas saisi qu’il fallait également leur apprendre les valeurs inverses. Je n’avais pas compris jusqu’à ces derniers jours.

C’est ma Zébrelle qui m’a plongé dans cette réflexion. Jeudi dernier, c’était le premier jour de leur trimestre « piscine ». Avant d’aller prendre le bus et d’aller barboter, la classe a eu le temps de travailler un peu et surtout de faire une dictée. Cela aurai pu en rester là. Seulement, Monsieur Mari accompagnait la classe à la piscine et ma grande a demandé naïvement à son papa qu’elle était l’orthographe du mot « indien », certaine d’y avoir fait une faute.

Père et fille ont alors échangé sur ce dit mot et Théa a pu confirmer son erreur. Cela aurai pu en rester là.

Dans son souci de perfection, de plaire à sa maîtresse, de ne pas manquer à sa réputation de bonne élève, ma Zébrelle a corrigé son cahier de dictée en rentrant de la piscine. L’effaceur pour ça, c’est magique ! On efface, on recommence.

En rentrant le soir, elle m’a fait part de son erreur d’orthographe, de sa discussion avec son père et puis de sa correction au retour de sa matinée sportive. Je n’ai pas été étonnée que ma fille m’en parle, ni qu’elle se sente coupable d’avoir corrigé son erreur. J’ai été surprise de sa réaction émotionnelle, de l’impact que le mot que j’ai prononcé a eu sur elle. Elle venait de commettre une petite tricherie. Sa première tricherie ! Ce n’était pas le bout du monde non plus car la marge d’erreur pour faire baisser sa note aurai été qu’elle fasse plus de 2 fautes. Mais dans le principe, je me suis aperçue que ma fille ne savait pas ce qu’était la tricherie. La culpabilité de faire en dehors du temps de dictée la mettait mal à l’aise mais sans pouvoir nommer les choses.

Nous en avons parlé. Nous avons essayé de démêler tout ça.

Valeurs.

La valeur de l’honnêteté était bien en elle. Cet événement (qui n’a duré que 10 minutes en tout est pour tout sur sa journée de 8h) l’avait perturbé, gêné. Elle se devait de m’en parler, de se confier, de comprendre aussi je pense.

Sentiments.

Ses sentiments étaient confus. Les larmes ont été son expression.

Peur.

Sa peur de se faire gronder mais surtout, sa peur de décevoir ont été fortes. J’ai vu ma fille se décomposer. Lire la peur dans ses yeux. Entendre la fragilité dans sa voix. Elle a eu peur de la réaction de sa maîtresse, de ses parents puis de la sienne aussi. Elle ne comprenait pas pourquoi elle était si malheureuse pour un mot corrigé !

J’ai alors compris qu’à force de vouloir apprendre le bien du mal à nos enfants, on a tendance à n’expliquer que le bien.

« Ce n’est pas bien de taper ! les mains c’est pour les caresses ! » Oui mais pourquoi ? Ne devrions nous pas pousser toujours nos explications pour que ce soit plus clair dans l’esprit de nos enfants ? Tout ne coule pas de source du point de vue d’un enfant, surtout lorsqu’ils sont dans l’acquisition permanente de vocabulaire.

Je suis d’accord que nous ne devons pas toujours tout expliquer. Mais j’ai été surprise de me sentir mal à l’aise avec cet épisode de la tricherie. J’ai moi même eu le sentiment d’avoir loupé une étape dans certaines leçons de vie.

Apprendre le bien, c’est indispensable mais pour cela, comprendre le mal est nécessaire. Le pouvoir des mots encore.

Théa a la chance d’avoir une maîtresse pédagogue et qui tisse une relation de confiance avec ses élèves. Lors de l’annonce de sa « tricherie », ma Zébrelle a eu des lignes pour la forme, mais surtout une discussion sincère avec son enseignante.

Je crois qu’elle a compris les conséquences de son petit acte, la mesure de ce que l’on attend d’elle, la différence entre ce qui est bien et mal.

Pour ma part, j’ai appris qu’il fallait que j’explique de nouvelles choses à ma fille. J’ai également appris que mon coeur de maman poule devait aussi faire des choix difficiles. Obliger ma fille à dénoncer sa faute, la voir fébrile et fragile devant la figure d’autorité scolaire, cela m’a fendu le coeur. J’ai bien failli dire à Théa : « Laisse tomber, ce n’est pas grave, il n’y a pas mort d’homme alors n’en parlons pas ». Mais en réfléchissant, en pesant le pour et le contre, j’ai été convaincue que la meilleure façon de protéger ma fille et de lui offrir de vraies valeurs, c’était de la confronter à sa tricherie… tout en l’accompagnant ! ;)

Rendez-vous sur Hellocoton !

You Might Also Like

No Comments

Laisser un commentaire